Les Bonnes
De Jean Genet
Mise en scène – scénographie
Bernard Colin
Avec
Valia Boulay – Violaine Vérité – Marine Falk-Leplat
Lumières Emmanuelle Vérité |
Costumes Pascaline Duron |
Sérigraphie Bert |
L’enfant que le village n’a pas embrassé, y mettra le feu pour en sentir la chaleur (Proverbe africain)
Il y est question d’humiliations, de révolte, de rêves d’amour et de meurtre, de jeux secrets qui tournent mal. Deux soeurs, Claire et Solange, bonnes de leur état chez Madame, se débattent dans le délabrement de leurs existences, dans le trouble de leurs fantasmes, dans la violence de leurs aspirations. Elles ne représentent pas les soeurs Papin, mais tous les humiliés du monde.
Comment jouer Genet – Bernard Colin
« J’habite la langue. C’est mon lieu de vie. Comme d’autres habitent la montagne ou un quartier. À cet égard, Genet est irrésistible. Il y a un mystère de la langue de Genet, comme il y a un mystère dans le regard d’un fauve. Genet n’explique pas le monde, il ne le décrit pas, il le fait sonner. Comme sonne un accord de musique. S’il y a une polysémie, il n’y a pas de sens caché chez Genet, pas de sous-entendu. Il ne veut pas dire, il dit. C’est un de ses points communs avec Rimbaud. Chaque parcelle de son écriture, prise une à une, ne dit pas grand-chose. C’est le mouvement qui compte. C’est une fugue, un fleuve, de la source à l’estuaire, où chaque goutte d’eau ne dit rien de la danse du fleuve. Il ne se comprend qu’en tant que mouvement. C’est ce mouvement que j’essaie de donner à entendre. »
Tragi-comédie féroce et facétieuse, la pièce écrite en 1947, fut créée la même année dans une mise en scène de Louis Jouvet. Elle fit scandale, comme ses pièces suivantes, Le Balcon, les Paravents, Les Nègres. En quelques années, sa puissance s’est imposée. Montée depuis, des centaines de fois, dans de nombreux pays, dans de nombreuses langues, la pièce est devenue une référence dans l’histoire du théâtre mondial, au point de figurer dans les programmes français des lycées.
Jean Genet – extraits de Comment jouer les Bonnes
« Ces deux bonnes ne sont pas des garces, elles ont vieilli, elles ont maigri dans la douceur de Madame./ / Elles n’ont ni cul ni seins provocants : elles pourraient enseigner la piété dans une institution chrétienne./ / Elles sont donc fanées mais avec élégance ! Elles n’ont pas pourri./ / Peut-être le metteur en scène devra-t-il laisser apparaître ce qui était en moi alors que j’écrivais la pièce, ou qui me manquait si fort : une certaine bonhommie, car il s’agit d’un conte. »
Photos : Jeanne Davy
Jean Genet
Né en 1910, mort en 1986, Jean Genet, poète, romancier, dramaturge, est une figure marquante de la littérature et de la vie culturelle du XXème siècle. Aussi adulé que controversé, d’une influence considérable sur de nombreux auteurs et autant d’hommes et de femmes de théâtre, il est reconnu pour la beauté de son écriture, mariant angélisme et violence, sexualité et métaphysique, révolte intégrale et style léché.
Très engagé politiquement, tout en restant toujours isolé, il participe à différents mouvements contre la politique coloniale et la politique carcérale françaises, notamment pour la fermeture des Quartiers de Haute Sécurité. Il a soutenu le Black Panther du mouvement des droits pour les noirs américains, et le peuple palestinien avec vigueur, soutien dont il a tiré un texte politique majeur, Quatre heures à Chatila.
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L’équipe
Les comédiennes
Comédienne, metteure en scène, depuis les années 70, Valia Boulay à traversé l’ensemble du répertoire, du classique au contemporain, autant dans les aventures du théâtre public, que de l’expérimental et du théâtre privé. Elle a interprété Molière, Racine, Shakespeare, Strindberg, Ibsen, Botho-Strauss, Vinaver, Kazantzákis… Elle partage sa vie entre Sète et Paris.
Après plusieurs années consacrées aux monologues adaptés de la littérature, et adressés directement au public, Violaine Vérité s’est laissé attirer par l’idée d’interpréter un personnage du répertoire, et surtout par le challenge de retrouver le dialogue, de s’imbriquer dans le jeu de l’autre, de partager son énergie, sa sensibilité, sa musique.
Installée à Sète, Marine Falk-Leplat exerce le métier de psychothérapeute, tout en poursuivant une activité d’artiste-peintre. Il se trouve qu’elle avait exercé celui de comédienne, pendant plus de quinze ans dans une ancienne vie. Après avoir interprété Strindberg, Copi, Lars Noren, Armando Llamas, Racine, Molière, elle retrouve les planches avec Genet.
Mise en scène-scénographie, lumière, costumes
Bernard Colin est un garçon qui s’est toujours méfié du théâtre. De son goût du flamboyant et des effets de manche, de son hystérie, de sa sentimentalité. Et même de sa foi aveugle en l’être humain. Son amour est allé vers la langue. La langue physique dans son lien avec le corps, c’est ce qui l’a retenu. C’est pourquoi, il a consacré tant d’années aux poètes, aux écrivains. Avec Les Bonnes, il creuse encore.
Emmanuelle Vérité fait de la lumière depuis longtemps. La danse, la musique, ont toujours eu sa préférence. Assurant la régie des spectacles qu’elle avait éclairés, elle a tourné dans le monde entier, confrontée à toutes les situations imaginables. Il y a plus de dix ans, elle travaillait déjà avec nous, dès La Femme Gelée, et n’a pas arrêté depuis. Elle fait partie du noyau de notre collectif.
Pascaline Duron fait aussi partie de notre collectif, depuis le commencement. Elle a créé les costumes de tous nos spectacles. Au cours de longues années de pratique, elle a touché à tout, l’opéra, le cirque, les CDN, les compagnies, les classiques, les contemporains, les clowns… Elle a l’oeil et l’oreille. Elle a aussi l’assurance et la distance. Sans oublier le sens dramaturgique et la capacité de travail. C’est une mine.
Durée : 1h20