La compagnie chorégraphique Trajectoires K,
en résidence de création au P’tit Denfert
La création est toujours une aventure qui nous engage à risquer nos pas sur un terrain où l’inconnu est bien davantage que bienvenu. Il nous arrive de reconnaître le côté dérisoire de cet engagement, et malgré cela, il est ce à quoi nous tenons par dessus-tout. C’est une gesticulation, une grimace que nous opposons à notre propre mort. Et c’est aussi notre enfance prolongée.
D’abord se retirer du quotidien embringué dans les dates, les ateliers, la vie sociale, l’administration, les plannings surchargés, et plonger dans le travail, quelque part, dans un lieu favorable, protégé, consacré à la création. C’est le premier objectif des résidences de création, et le P’tit Denfert s’y prête, il est conçu pour ça.
Y ajouter l’accompagnement bienveillant de ce vieux cheval de la scène et de l’espace public que je suis, formateur d’artistes depuis plus de trente ans, apporte un plus dont l’effet dépendra de la rencontre, de l’ouverture, et de la confiance échangée. C’est l’autre aspect, vivifiant, de cette résidence.
Bernard Colin
L’objet
QUI SOMMES-JE ? aurait pu s’intituler JE EST UNE AUTRE. Deux danseuses pour une chorégraphie singulière et multiple. On y trouve la grâce, la pêche, et cet humour sacré qu’est l’autodérision. La danse y trouve son compte. Il y a aussi comme de la comédie d’action dans cette écriture, parfois discursive, parfois clownesque. Toujours lisible, populaire, sauvage et tendre, un peu rêveuse, où se glisse du Bretécher, du Meyerhold, sans qu’elles y pensent. Les deux danseuses se posent la question : comment dépasser la fameuse division du sujet, et les tempêtes qui en découlent ? Et si l’identité n’existait pas ? Qui sommes-je ? Comment cohabiter avec toutes ces doubles ? Aimons-nous les unes les autres, il n’y a pas le choix.
L’oeuvre chorégraphique fondatrice de la compagnie, intitulée « Trajectoires K » interrogeait les corps face à des situations d’exil, à la colonisation, à une vie en double culture. Elle emprunte aux arts traditionnels mais est résolument tournée vers la modernité, à l’image de la Nouvelle-Calédonie avec cette volonté d’inventer le présent.
Laetitia Naud, danseuse, est originaire de Poindimié en Province Nord de la Nouvelle-Calédonie. Elle a quitté le pays pour la France en 1985 juste après les Événements. Elle s’est formée à la danse et a travaillé avec des chorégraphes comme Philippe Découflé, Kada Ghodbanne, Miguel Lopez, Daisy Fel et sur cette création Trajectoires K avec Richard Digoué son partenaire chorégraphe reconnu en Nouvelle-Calédonie pour avoir développé la danse contemporaine et accompagné toute une génération de danseurs d’aujourd’hui.
En découlera « Trajectoires K DUO » qui sera donnée en milieu rural en 2015 avec le danseur-chorégraphe Kevin Naran originaire de Nouvelle-Calédonie et danseur-chorégraphe de la Cie CréaCorsica.
De là, commencera l’aventure chorégraphique avec Béatrice Garnier, amie, danseuse et partenaire dans la compagnie Résonance et la compagnie Litecox dans le bassin ligérien.
Attirée, dès son plus jeune âge par les tutus, les comédies musicales et les personnages comiques, Béatrice Garnier, danseuse, percussionniste et clown, est issue d’un conservatoire et de l’école internationale Mudra de Maurice Béjart. Elle dansera pour un Centre Chorégraphique National et au National Theater Mannheim, notamment sous la direction de Patrick Dupont. Dans différents styles de danse, (classique, néo-classique, moderne, jazz) elle travaillera avec de nombreux chorégraphes (Thierry Malandain, Ulysses Doves, Lionel Hoche, Philippe Talard, Miguel Lopez). Puis elle crée la compagnie Tac TaToom, et s’aventure dans la percussion afro-brésiliennes et le spectacle de rue. Immergée dans la danse contemporaine depuis 2005, elle s’ouvre à l’improvisation et affirme sa voix. Aujourd’hui, elle se nourrit du croisement des différentes formes d’expressions qui ont jalonné son parcours et rêve à de nouvelles perspectives créatrices.